Ouvrir le livre de Duras, c’est tomber dans un gouffre, c’est découvrir quelque chose qui me concerne malgré moi, qui fait partie de moi. C’est plonger dans les méandres de la psyché humaine, de sa violence, des passions vécues ou imaginées. Ce n’est pas le fait divers qui me fascine, c’est ce que Duras en fait, glissant du réel à la fiction, de l’individu à l’universel, du quotidien au mythe. Par son habilité littéraire, elle transforme ce matériau brut du réel en un drame vertigineux, intime, sondant les abîmes.
En découvrant L’Amante anglaise, les personnages me sont immédiatement apparus. J’ai vu jusqu’à leur peau, leur corps tendu, leur présence énigmatique. Loin du lyrisme, le texte déploie un style précis, épuré, infiniment moderne. Duras dissèque le personnage de façon presque clinique, l’écriture fait loupe. Elle s’appuie sur la figure de l’interrogateur qui déploie une parole active, tentant de dévoiler les racines possibles du crime. Par ses questions, tout ressurgit, le passé, les non-dits, dans un rythme musical, haletant. La forme dramatique donne l’illusion d’une enquête. Mais quand tout s’éclaircit, tout se dérobe aussi soudain sous nos pieds. L’écriture se trouve alors ponctuée de béances, de lapsus poétiques qui brouillent les certitudes. La menthe anglaise, plante qui pousse dans le jardin du couple, devient « l’amante anglaise », nous plongeant dans un imaginaire dédoublé, métaphorique. Le chemin vers la vérité reste pourtant impénétrable, jonché d’arbres morts, de rivières à l’eau trouble. Les personnages ne parlent pas tous la même langue et c’est à nous de comprendre, de déchiffrer, de traduire.
Pour donner de la matière à ces personnages qui vont commettre l’irréparable, il faut des comédien.ne.s charismatiques et fascinant.e.s, à l’instar des personnages de Duras. Claire Lannes sera incarnée par Dominique Reymond, puissante actrice aux multiples visage, aussi mystérieuse que touchante. Nicolas Bouchaud tiendra le rôle de l’interrogateur, acteur au verbe cru et à la puissance sans précédent, c’est lui qui fera naître sous nos yeux les deux époux par son flot de questions, sa précision, son intelligence. J’ai aussi rêvé la rencontre entre lui et Laurent Poitrenaux , comédien de haut vol , qui échappe sans cesse à toute définition, tel le personnage de Pierre Lannes . (Emilie Charriot)
de Marguerite Duras
mise en scène Emilie Charriot
avec Dominique Reymond, Nicolas Bouchaud, Laurent Poitrenaux
dramaturgie Olivia Barron
lumières et scénographie Yves Godin
costumes Caroline Spieth
répétitrice Loubna Raigeau
régie lumières et régie générale Thierry Morin
construction décor les Ateliers du Théâtre Vidy-Lausanne
production
compagnie Emilie Charriot
en coproduction avec
Théâtre Vidy-Lausanne, Odéon Théâtre de l’Europe Paris, Théâtre Saint-Gervais Genève, Bonlieu scène nationale Annecy
avec le soutien de la Loterie Romande, Pro Helvetia – Fondation suisse pour la culture, Fondation Jan Michalski, Fondation Ernst Göhner et les Affaires culturelles du Canton de Vaud
remerciements à Laure Adler, au CENT-QUATRE Paris
La compagnie Émilie Charriot est soutenue par la Ville de Lausanne au titre d’une convention de subventionnement
création du 27 novembre au 08 décembre 2024
Théâtre Vidy-Lausanne
07 et 08 janvier 2025
La Coursive, scène nationale de La Rochelle
du 21 au 25 janvier 2025
Bonlieu, scène nationale d’Annecy
du 30 janvier au 02 février 2025
théâtre Saint-Gervais, Genève
du 21 mars au 13 avril 2025
Odéon, Théâtre de l’Europe, Paris
disponible en 2025-2026 & 2026-2027
contact
Emmanuelle Ossena
e.ossena@epoc-productions.net
+ 33 (0)6 03 47 45 51