
le bruit des arbres qui tombent
des arbres qui tombent et l’homme qui tombe
le bruit qu’on n’entend pas, ou qu’on ne veut pas entendre
quatre personnes
peut-être d’une même famille, d’une même fratrie
ils viennent nous raconter chacun leur tour, un souvenir, une histoire, leur histoire
ils deviennent métaphores
les autres sont comme les passeurs, comme des âmes fantômes
ils accompagnent son récit
ils le portent, ils l’empêchent, ils l’éclaboussent, et s’amusent avec lui
et ce rectangle noir
cette ombre,
cette masse qui nous étouffe
ce reflet qui nous illumine
tout s’oppose et tout s’accorde
chercher l’origine
des histoires intimes qui en deviennent une et une seule
raconter la même chose toujours la même chose
creuser toujours son trou
pour trouver un trésor
ne jamais le trouver mais s’amuser à aller de plus en plus loin
avoir de la terre sous les ongles, dans sa chair
ouvrir les portes, de l’autre côté de la couleur, de l’autre côté du rideau
regarder les mouvements, les déplacements avec un regard d’enfant
et sentir les vibrations invisible
comme si on tournait les pages d’un recueil de nouvelles
et chaque nouvelle nous donne les clés
ou pas
et chaque nouvelle nous questionne sur l’humain, sur sa place
sur le théâtre
rendre l’espace palpable, sensible
mettre du dehors à l’intérieur
mettre du paysage partout
se rouler dedans jusqu’à épuisement
et laisser place aux larmes
Nathalie Béasse